Devant l"échec des traitements médicaux des maladies neurodégénératives, une nouvelle approche commence à donner des résultats intéressants. Les personnes atteintes par ces pathologies sont particulièrement en souffrance. Malheureusement les traitements médicaux ne donnent pas de résultat satisfaisant. Longtemps le personnel soignant a considéré que la maladie neurodégénérative était la source principale des problèmes vécus par les patients. Une nouvelle approche consiste d'abord à diminuer progressivement mais drastiquement les médicaments jusqu'à parfois les supprimer totalement (anxiolytiques, antidépresseurs, neuroleptiques, antiépileptiques, antiparkinsoniens). Il est maintenant reconnu par la HAS (Haute autorité de la Santé) que ces cocktails médicamenteux sont responsables des syndromes confusionnels graves que l'on constate chez ce type de patient. Il est indispensable de chercher une cause somatique ou psychique, un facteur déclenchant qui peut être contrôlé ou atténué. L'alternative sur le plan psychologique est de reconstituer la biographie des patients avec les familles afin d'identifier si des vécus traumatiques peuvent expliquer les troubles. L'hypothèse est que les troubles comportementaux sont activés par des traumatismes anciens ravivés par la présence d'une pathologie dégénérative. Le stress post-traumatique est peu étudié chez les personnes âgées. Le fait d'avoir été exposé à un traumatisme augmenterait le risque de développer une maladie neuro-dégénérative même 50 ou 75 ans après l'évènement traumatique car la charge émotionnelle qui y est associée, reste active.
Il faut comprendre que le cerveau à en charge parmi d'autres fonctions, l'intégration des évènements pénibles et douloureux. Le soir vous êtes en colère contre quelqu'un et le matin vous vous levez et vous vous dites que ce n'est pas si grave parce que vous avez digéré l'évènement (composé d'information et d'affect émotionnel +/-). Parfois cette fonction n'est pas opérante quand la charge émotionnelle liée à l'évènement dépasse les capacités du cerveau à le digérer. On dit à ce moment là que la mémoire de l'évènement devient dysfonctionnelle. Les indices de la nature dysfonctionnelle de la mémoire (dites traumatique) sont les troubles du comportement : anxiété, conduite d'évitement, hyper vigilance, hyperactivité neuro-végétative, irritabilité, grande fatigabilité, jusqu'au trouble de dépersonnalisation et conduite à risque. On nomme cela un état de stress post-traumatique. Alors pour faire face à ces troubles chez les personnes âgées atteintes de déficience neuro-dégénératives des équipes de gériatres et de psychologues commencent à expérimenter au près de ces patients plus la plupart en EPHAD à utiliser l'approche EMDR. Et les premiers résultats à très petite échelle ( 2/3 équipes médicales l'expérimentent) semblent encourageants. Les troubles du comportement diminuent, les patients sont plus apaisés et le recours à la contention et aux médicaments diminuent. L'autre bénéfice est pour les équipes qui ont le sentiment de pouvoir déployer d'avantage de bienveillance envers leurs patients ce qui diminue la maltraitante et les conflits éthiques. Il est même question de former certaines équipes (aide soignante, infirmier(e)) aux stimulations bilatérales alternées, une des composantes de l'approche EMDR qui permet d'activer le système parasympathique. Ce projet ne sera pas suffisant pour intégrer les traumatises dans la biographie de chaque patient car des compétences bien plus complexes sont nécessaires.
Et il est bien clair que cela ne traitera pas la dégénérescence cérébrale
devant laquelle le corps médical est dans l'impuissance. Mais tout ceci contribue à bien plus de bienveillance auprès des personnes âgées atteintes de maladie neuro-dégénératives en ces temps où la prise en charge de cette population fait l'objet de débat houleux devenant un sujet de politique envers le devenir plus large
des personnes âgées.
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